Poezii
Nichita Stãnescu
Une après-midi d'automne

Je pousse l'air, j'écarte de la main
cet air bizarre et m'y fraie chemin
je laisse ce coeur étrange à moi-même
en guise de paie parmi les monnaies
et je m'en vais.
Je pars en me rassemblant tout dans les yeux,
à ne plus en pouvoir fermer les paupières
de sorte que tout autour de moi
n'est plus qu'un souvenir
dessiné sur les trottoirs par des enfants.
Je cours à perdre haleine en m'appuyant
à la balustrade et à la place du coeur
j'entends battre les murs, les tuyaux, les fenêtres
les ampoules.
J'entends monter derrière moi
la boite de l'ascenseur qui emporte
crayons, lettres, bouclier
sabre, heaume.
Je fais halte devant une porte ouverte
qui avance en flottant telle l'auréole
d'un saint.
Mon baisemain, mes hommages, notre amour
Comment allez-vous?
Mais elle riait parce qu'elle
n'était plus depuis bien longtemps
à la maison.


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